Bitcoin, l’événement politico-monétaire du siècle
Publié le 01/07/22 dans L’ADN
Comme l’imprimerie en son temps, Bitcoin est l’événement politico-monétaire le plus important des derniers siècles. Avec l’imprimerie, le savoir a pu se diffuser dans toutes les strates de la société et a diminué le pouvoir des élites religieuses. Bitcoin, de son côté, offre la possibilité de séparer la monnaie de l’État, ce qui est une rupture historique majeure. En permettant le stockage et le transfert de valeur sans tiers de confiance, Bitcoin a le potentiel de limiter le pouvoir des élites financières et politiques et d’offrir aux individus une véritable souveraineté financière.
Il y a derrière Bitcoin un ensemble de valeurs qui permettent de lutter contre certaines tendances inquiétantes de la société actuelle, notamment le capitalisme de connivence, qui scelle l’alliance entre les grandes entreprises (particulièrement celles du secteur financier) et l’État. Ce capitalisme s’exerce au détriment de la société, et plus particulièrement des individus les plus pauvres. Les inégalités augmentent, la restriction des libertés individuelles s’intensifie, et la surveillance par les États menace nos vies privées.
Notre système monétaire a une part de responsabilité dans beaucoup de dérives. Il a financiarisé le capitalisme et donné un pouvoir démesuré aux acteurs financiers. Il contribue à mettre sous surveillance les individus. Les politiques monétaires hyperexpansionnistes des banques centrales accentuent les inégalités : d’un côté, l’augmentation des prix qui en résulte pèse sur le pouvoir d’achat des plus démunis et dilue leur épargne ; de l’autre, la hausse de la valeur des actifs profite aux plus favorisés, surtout ceux qui ont accès à un crédit à faible coût.
Bitcoin offre une opportunité historique pour réformer en profondeur ce système. C’est un objet monétaire libre que personne n’est obligé d’utiliser. Il préserve mieux la vie privée, sans pour autant empêcher de tracer les criminels. Sa masse monétaire n’est pas manipulable puisqu’elle est limitée à 21 millions d’unités : il n’y en aura jamais plus de produites mais chaque unité est très divisible. Cela a l’avantage d’éviter une inflation des prix et de mieux préserver l’épargne des plus démunis, malgré la volatilité qui reste forte à court terme dans cette phase de transition.
Proposer une monnaie libre, c’est perturber des intérêts solidement établis. Si certains Etats ont déjà accepté Bitcoin (comme le Salvador ou la République centrafricaine), la plupart restent encore sceptiques. Du côté des acteurs financiers, plutôt que de s’adapter à cette réalité nouvelle, on préfère la nier ou la combattre. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’acteurs que Bitcoin dérange déversent sur lui autant d’attaques infondées, par exemple en instrumentalisant la question écologique. Toutes les grandes révolutions se sont faites contre les élites et les sachants. Si, comme il semble que ce soit le cas, le système Bitcoin devient techniquement invulnérable, les États hostiles pourront freiner son développement mais pas le stopper.