Malaise dans la civilisation monétaire
Les conséquences politiques et géopolitiques de l’essor des cryptomonnaies
Publié le 16/06/21 dans l’Annuaire Français des Relations Internationales (AFRI), volume XXII, 2021
Depuis la création du bitcoin[1] en 2009 par Satoshi Nakamoto, les cryptomonnaies se sont développées dans des proportions qui auraient difficilement pu être prévues il y a seulement quelques années. Objets économiques et technologiques profondément novateurs et complexes, elles suscitent de multiples débats sur leur nature intrinsèque et sur les conséquences possibles de leur essor sur le système financier mondial, sur les équilibres géopolitiques et même sur la structuration des États contemporains. Ces débats sont souvent d’une grande confusion en raison à la fois des malentendus persistants sur la notion de monnaie et de l’inculture des dirigeants politiques et observateurs en matière d’informatique.
Est-il possible d’envisager une « co-existence pacifique » entre les cryptomonnaies et l’ordre monétaire et financier établi ? Dans quelle mesure sont-elles capables de jouer un rôle de monnaies ? Quelles en sont les implications géopolitiques ? L’analyse est-elle la même pour celles fondées sur des blockchains ouvertes et décentralisées et celles promues par de grandes entreprises ou des « monnaies digitales de banques centrales » ?
De manière générale, bien que leur dimension monétaire soit encore débattue, l’émergence des cryptomonnaies constitue un fait économique et politique majeur dont on n’a probablement pas encore mesuré toutes les conséquences. Toutefois, des projets comme ceux de Facebook ou de certaines banques centrales créent de nouveaux défis liés à leur caractère centralisé et semblent destinés à rester beaucoup moins novateurs — et donc déstabilisateurs — qu’une cryptomonnaie comme le bitcoin.
1. Bien que leur dimension monétaire soit encore débattue, l’émergence des cryptomonnaies constitue un fait économique et politique majeur
1.1 Les cryptomonnaies constituent un phénomène massif
Des milliers de cryptomonnaies sont nées[2] et un secteur économique entier a émergé en à peine une dizaine d’années à partir de l’invention de Nakamoto. Ce secteur est composé de dizaines de millions d’utilisateurs individuels, de milliers d’entreprises (dont certaines sont déjà des géants industriels[3]), de dizaines de milliers de développeurs informatiques. Chaque jour naît une quantité innombrable de nouveaux projets et services technologiques et financiers liés aux cryptomonnaies[4].
Il est aujourd’hui possible d’acheter pratiquement tout ce que l’on souhaite sur Internet en réglant en cryptomonnaies. Un nombre croissant de commerces physiques les acceptent également. Les cryptomonnaies sont aussi utilisées massivement par des traders professionnels ou particuliers. Elles sont enfin employées comme réserve de valeur et comme instruments d’épargne. D’abord réservés à une poignée d’investisseurs individuels audacieux, ces outils sont désormais étudiés et achetés par les acteurs financiers les plus établis de la planète[5]. Depuis la mi-2020, de grandes entreprises, comme MicroStrategy ou Tesla, commencent, par ailleurs, à placer une partie de leurs liquidités en bitcoins pour se prémunir contre l’inflation monétaire.
La mode de la « technologie blockchain » à partir de 2015 a contribué au développement de ce secteur, avec notamment le phénomène des initial coin offerings (ICO), nouveau mode de financement participatif des startups, qui a permis une multiplication de jetons numériques pouvant être considérés comme des cryptomonnaies (voir infra). Enfin, Facebook a réuni en 2019 un consortium d’entreprises de taille mondiale pour créer sa propre cryptomonnaie (Libra, rebaptisé Diem en décembre 2020) et de nombreuses banques centrales envisagent de créer des monnaies digitales de banque centrale (MDBC).
Ce secteur a émergé progressivement malgré l’ignorance, la méfiance ou l’hostilité frontale des États, des économistes, des médias et du secteur financier traditionnel. Encore aujourd’hui, une pluie de critiques et d’accusations s’abat régulièrement sur les cryptomonnaies. Ces réticences s’expliquent en partie par le caractère doublement contestataire des origines intellectuelles de Bitcoin[6]. D’un point de vue philosophique, ses promoteurs prétendaient sauvegarder, par la cryptographie, la vie privée et la souveraineté des individus dans un monde de surveillance considéré comme de plus en plus liberticide. D’un point de vue économique, ils cherchaient à inventer une monnaie et un système financier libérés de l’influence des banques et des États. Cette double ambition a été résumée par des termes à la connotation inquiétante : « cypherpunk », « crypto-anarchiste », « libertarien ».
1.2 La dimension monétaire des cryptomonnaies reste très contestée
Pour une majorité d’observateurs, les cryptomonnaies ne sont pas et ne seront jamais des monnaies. Trois types d’arguments sont mis en avant. Premièrement, selon ces observateurs, c’est moins le bitcoin qui serait digne d’intérêt que sa technologie sous-jacente, la fameuse blockchain[7]. La tentative de créer sur Internet une monnaie sans État et sans banque n’aurait aucune chance de prospérer et ne serait qu’un épiphénomène, une première application maladroite et naïve d’une technologie dépassant largement la simple sphère monétaire[8]. Un deuxième argument fait remarquer que la plupart des jetons numériques de blockchains n’ont pas été créés pour servir de monnaies, raison pour laquelle il conviendrait d’ailleurs de les appeler « crypto-actifs ». Enfin, des spécialistes de théorie et d’histoire monétaire contestent la possibilité ou le caractère souhaitable de développer des monnaies échappant au contrôle des États.
D’autres critiquent des aspects précis des cryptomonnaies, comme leur effet de réseau insuffisant ou leur caractère potentiellement déflationniste, les rendant inaptes à leurs yeux à remplir les fonctions traditionnelles de la monnaie. Ce débat est rendu complexe par le fait que les économistes eux-mêmes ne sont pas d’accord entre eux sur ce qu’est fondamentalement la monnaie et comment elle doit être produite et gérée[9].
1.3 Les cryptomonnaies sont des monnaies en devenir
Retenons une définition relativement répandue de la monnaie : elle est un moyen d’échange universel. Une autre manière de formuler cette approche est de définir la monnaie comme un « pouvoir d’achat généralisé », selon l’expression de Pascal Salin[10]. D’après ce dernier, « la monnaie peut être échangée contre n’importe quoi, à n’importe quel moment et auprès de n’importe qui ». Pour être un moyen d’échange, un bien doit donc auparavant pouvoir servir de réserve de valeur. Les trois fonctions aristotéliciennes de la monnaie (moyen d’échange, réserve de valeur, unité de compte), souvent citées dans ces débats, ne doivent ainsi pas être mises sur le même plan car elles n’ont pas la même importance relative.
De ce point de vue, les cryptomonnaies ne sont pas des monnaies : elles ne sont pas des moyens d’échange universels. Toutefois, comme le précise Salin, aucune monnaie, même étatique, ne correspond parfaitement à cette définition : même un dollar ou un euro ne sera jamais systématiquement accepté par n’importe qui, n’importe quand, n’importe où. Ce qui est important, c’est donc la « qualité monétaire » des biens : certaines choses peuvent jouer plus ou moins le rôle de monnaie à certaines périodes, en certains lieux et dans certains groupes humains. Cela dépend de deux facteurs : la capacité de ces biens à conserver du pouvoir d’achat dans le temps et la taille de leur aire de circulation. Si l’on se fonde sur ces deux critères, il est indéniable que la « qualité monétaire » de certaines cryptomonnaies se renforce globalement puisque leur usage se développe.
C’est donc le potentiel monétaire des cryptomonnaies qui doit être évalué. Deux aspects doivent ici être pris en compte. D’une part, certaines cryptomonnaies sont déjà utilisées comme des monnaies dans certains secteurs de l’économie, par certains groupes de personnes. Elles servent à régler des achats, à rémunérer des salariés, à épargner, etc.
D’autre part, les blockchains véritablement révolutionnaires, celles qui créeront de la valeur parce qu’elles rendront des services de manière plus efficiente que les bases de données et systèmes informatiques traditionnels, ont besoin d’un jeton « natif » pour servir d’incitation financière aux acteurs chargés de leur sécurisation (les « mineurs », dans le cas de Bitcoin) : un jeton produit par le protocole lui-même et dont la valeur de marché dépendra des performances prévues puis réelles du service assis sur la blockchain[11].
Or ces jetons numériques sont souvent homogènes, comparables, divisibles, transportables, échangeables et relativement rares. Dans la mesure où ils sont capables d’inspirer un certain niveau de confiance à certains acteurs et de conserver de la valeur dans le temps malgré une volatilité souvent forte, ils rassemblent toutes les caractéristiques qui ont conduit à l’émergence progressive des métaux précieux comme instruments monétaires[12]. Enfin, le développement des stable coins, ces instruments permettant de maîtriser la volatilité des cryptomonnaies en les adossant à des actifs monétaires et traditionnels, pourrait contribuer à faciliter l’utilisation courante comme monnaies de ces divers types de tokens[13].
Même si certaines caractéristiques des cryptomonnaies paraissent limiter irrémédiablement leur potentiel monétaire, l’innovation technologique dans ce domaine évolue à un rythme exceptionnellement rapide. Ces éventuelles limitations pourraient donc très bien être surmontées plus vite qu’on ne l’imagine. Trois facteurs y concourent.
Premièrement, les barrières à l’entrée dans ce domaine sont faibles. Les barrières légales sont limitées, les régulateurs ayant systématiquement plusieurs années de retard dans la compréhension de ce secteur totalement nouveau et éminemment complexe. Les obstacles financiers sont également relativement négligeables, ces activités étant peu capitalistiques et l’ICO fournissant un mode de financement largement utilisé.
Deuxièmement, ce domaine est en grande partie inspiré de la culture du logiciel libre et de l’open source. Le modèle technologique est fondamentalement différent de celui qui a fait le succès des géants du Web que sont Google, Apple, Facebook, Amazon (GAFA). Dans un univers open source, chaque projet peut intégrer facilement les innovations des concurrents. Le premier entrant peut intégrer les apports des concurrents ultérieurs mais ces derniers bénéficient aussi de l’expérience accumulée par les acteurs plus anciens.
Troisièmement, dans le secteur de la blockchain, l’innovation est totalement décentralisée : chaque acteur local peut proposer des modifications et les mettre en œuvre sans aucune autorisation. L’innovation n’est pas limitée par les contraintes organisationnelles, procédurales et juridiques des organismes de recherche, administrations, grandes entreprises et autres entités centralisées.
Ces éléments expliquent le foisonnement d’innovations exceptionnel qui anime ce secteur et devraient conduire à relativiser les critiques contre les limites considérées comme irrémédiables des cryptomonnaies. Certes, ces dernières doivent encore surmonter de nombreux défis pour voir leur qualité monétaire progresser : leurs cours doivent devenir moins volatils, la sécurité technique de leurs systèmes doit se renforcer et être éprouvée dans le temps (notamment face à la perspective de l’ordinateur quantique[14]), leur effet de réseau doit se développer, leur usage courant doit être facilité par des améliorations techniques, les réglementations et la fiscalité les concernant doivent devenir plus favorables, etc. Mais, si l’on estime que ces évolutions sont loin d’être impossibles, il est alors pertinent de considérer les cryptomonnaies comme des « quasi-monnaies » ou des « monnaies en devenir ».
1.4 Les cryptomonnaies remettent question le paradigme politico-monétaire contemporain
Bien que Hayek soit souvent cité pour décrire la situation créée par les cryptomonnaies, nous ne sommes pas dans le scénario d’une levée du monopole de la monnaie étatique qu’il avait préconisée[15]. À travers le cours légal et toutes les réglementations qui encadrent la politique monétaire et l’activité des banques, les États exercent toujours une forme de monopole de l’émission monétaire, quelle que soit la répartition institutionnelle des rôles entre États au sens strict, banques centrales et banques commerciales.
En revanche, les cryptomonnaies viennent remettre en question le paradigme monétaire dominant. D’un point de vue intellectuel, ce dernier peut se résumer à une convergence entre John Maynard Keynes et Milton Friedman : la monnaie est considérée comme un instrument de politique économique à utiliser par la puissance publique — selon des modalités variables en fonction des différents courants de pensée –, au service de fins d’intérêt général, particulièrement la stabilisation macroéconomique. D’un point de vue institutionnel et opérationnel, depuis l’effondrement du système de Bretton Woods en 1971, la monnaie est produite de manière discrétionnaire par la puissance publique (même si c’est par délégation aux banques commerciales par le processus du crédit), sans pratiquement aucune limitation a priori.
Ce schéma est contesté par l’émergence des cryptomonnaies. D’une part, leur mode de production échappe à la puissance publique ; elles sont dotées de politiques monétaires propres, avec des paramètres parfois très différents d’une cryptomonnaie à l’autre. D’autre part, elles représentent de potentiels concurrents pour les monnaies fiat, à la fois pour la fonction d’intermédiaire d’échange et pour le rôle de réserve de valeur — les deux étant liés, comme on l’a vu plus haut.
La question principale est la capacité des différents systèmes à inspirer confiance. D’un côté, les systèmes monétaires et financiers traditionnels suscitent de plus en plus d’inquiétude, particulièrement en raison de l’érosion monétaire créée par les politiques monétaires hyper-expansionnistes des dernières années. De l’autre, les cryptomonnaies apparaissent de plus en plus comme une nouvelle classe d’actifs, une valeur refuge face aux désordres croissants de l’économie mondiale.
Bitcoin a été créé pour répondre aux lacunes des monnaies fiat et des systèmes de paiement contemporains. Si l’effritement de la confiance dans les systèmes traditionnels s’accélère, l’existence des cryptomonnaies contribuera probablement à faciliter cette évolution par rapport à une situation où elles n’auraient pas existé et où les seules valeurs refuges contre l’inflation monétaire auraient été des instruments traditionnels comme l’immobilier ou l’or. De plus en plus d’acteurs utiliseront les cryptomonnaies comme des garde-fous contre les aléas des politiques monétaires et les contraintes des systèmes de paiement traditionnels et également comme instruments plus efficients pour effectuer certains types de transactions — par exemple, plus anonymes ou sous forme de micro-paiements (voir infra).
L’existence du cash est actuellement un garde-fou contre le caractère discrétionnaire et inflationniste des politiques monétaires ; c’est probablement l’une des raisons principales des velléités de nombreux États d’en limiter progressivement l’usage. Les cryptomonnaies ou, du moins, certaines d’entre elles se présentent comme une forme de cash digital capable de remplacer le cash physique.
Les réglementations des États peuvent aujourd’hui ralentir la diffusion des cryptomonnaies, mais il est peu probable qu’elles puissent l’empêcher, particulièrement celles fondées sur des blockchains ouvertes, très décentralisées et fondées sur des algorithmes de consensus robustes comme Bitcoin (voir infra). Ce fait, encore très peu compris, mérite d’être considéré très attentivement car ses implications sont profondes.
L’expression « software is eating the world » d’un des pionniers d’Internet[16] est l’une des phrases qui caractérisent le mieux les changements de notre époque. Des pans entiers de l’économie sont transformés et des acteurs industriels massifs et anciens sont profondément déstabilisés et parfois rayés de la carte en quelques années par l’irruption du numérique. Ces bouleversements suscitent toujours le même enchaînement de réactions à mesure qu’ils deviennent évidents : négligence, incrédulité, stupeur.
La monnaie est l’un des derniers secteurs qui n’avait pas encore fait l’objet de « disruption » par le numérique. Les quelques adaptations technologiques effectuées ces dernières années pour moderniser les systèmes de paiement grâce notamment à Internet étaient restées relativement marginales. L’activité des acteurs financiers traditionnels est aujourd’hui concurrencée par les fintech, mais le phénomène le plus spectaculaire est la remise en question du système monétaire par les cryptomonnaies. Elles font à la valeur ce qu’Internet a fait à l’information. Elles ne sont pas la monnaie d’Internet mais « l’Internet de la monnaie », comme l’analyse l’informaticien Andreas Antonopoulos[17].
Si la « qualité monétaire » des cryptomonnaies continue de progresser, un défi historique se posera à la puissance publique. Le maintien du système monétaire actuel est une condition sine qua non de la survie des États-providence contemporains. Le financement de ces derniers est assuré par un endettement public massif qui n’est possible que grâce au régime d’émission monétaire moderne[18]. Or un scénario où la confiance dans les monnaies fiat continue à diminuer et où la valeur en euros et en dollars des cryptomonnaies augmente semble de moins en moins irréaliste.
Avant même la crise liée à la Covid-19, les politiques monétaires de quantitative easing avaient déjà profondément entamé la crédibilité des monnaies traditionnelles. L’ampleur historique des réponses des politiques publiques, tant budgétaires que monétaires, à la crise liée à la Covid-19 a ensuite considérablement renforcé les doutes des acteurs économiques du monde entier quant à leur solidité. Cette évolution est mécaniquement favorable à toute valeur refuge : immobilier, métaux précieux, mais aussi, de plus en plus, cryptomonnaies.
La question est de savoir comment peut évoluer le rythme de ce transfert de confiance. Comme dans des phénomènes classiques de fuite devant la monnaie, il peut très bien devenir auto-cumulatif et accélérer brusquement. On peut imaginer que des cryptomonnaies ayant des valorisations beaucoup plus élevées qu’aujourd’hui coexistent avec les monnaies fiat sans que cela trouble outre mesure l’ordre monétaire international, mais ce scénario n’est pas le plus réaliste. Il s’agirait d’un équilibre très instable.
Les éventuelles tentatives des États pour empêcher l’utilisation des cryptomonnaies se révéleraient probablement vite vaines. Certes, un grand nombre d’entre elles ne résisteraient pas aux moyens techniques et juridiques des États. Mais celles fondées sur des blockchains publiques très décentralisées et dotées d’algorithmes de consensus robustes n’auraient sans doute pas grand-chose à craindre (voir infra, pour l’exemple du bitcoin). Ces tentatives des États feraient alors basculer dans le marché noir une part croissante de l’économie, d’autant que des transmissions de transactions en cryptomonnaies par satellite[19] ou par ondes radio sont déjà possibles et pourraient se généraliser si les progrès techniques actuels suivent leur cours.
Ce sont les bases mêmes de nos systèmes politiques et sociaux qui pourraient alors être remises en question. D’une part, la politique monétaire telle qu’elle est pratiquée depuis plusieurs décennies, avec des objectifs de politique économique, notamment de stabilisation macroéconomique, deviendrait inopérante. D’autre part, un effondrement de la confiance dans les monnaies étatiques au profit des cryptomonnaies perturberait profondément le modèle de financement par la dette des États-providence. Face à cette réalité, il se pourrait que les États n’aient plus d’autre choix que de s’adapter progressivement en adoptant les cryptomonnaies d’une manière ou d’une autre ou en réduisant leurs dépenses dans des proportions politiquement impensables aujourd’hui.
On peut imaginer que certains États souhaiteront alors acquérir des cryptomonnaies, en se lançant dans des activités de minage, en vendant des actifs contre des cryptomonnaies ou en acceptant le paiement de l’impôt en cryptomonnaies. Notre époque connaît des changements politiques, économiques et monétaires beaucoup plus rapides que dans les décennies et les siècles précédents : les scénarios aujourd’hui les plus difficiles à imaginer ne devraient pas être écartés trop vite.
Parmi les options qui étaient encore difficiles à imaginer il y a quelques années figure la création de cryptomonnaies par de grandes entreprises ou même par des banques centrales. Il convient de se demander si elles présentent le même caractère novateur et potentiellement déstabilisateur que les cryptomonnaies « traditionnelles ».
2. Les projets de cryptomonnaies de Facebook et des banques centrales sont beaucoup moins novateurs que Bitcoin
2.1 Diem et les monnaies digitales de banques centrales sont des projets centralisés qui soulèvent de nouveaux défis
L’irruption de Libra dans le débat public en 2019 a rappelé, aux yeux des dirigeants politiques du monde entier comme du grand public, que la question des cryptomonnaies n’avait pas disparu avec l’effondrement de la bulle au début de l’année 2018. Elle a aussi réactivé les questionnements sur la nature de la monnaie et le rôle de la politique monétaire dans les sociétés contemporaines. On savait depuis plusieurs années que les GAFA cherchaient un moyen de prendre pied dans le secteur financier et bancaire[20] ; Facebook a utilisé de manière opportuniste la mode de la « technologie blockchain » pour opérer une tentative en ce sens.
Dès l’origine, son projet était très éloigné de celui d’une cryptomonnaie comme le bitcoin. La libra devait reposer sur un panier d’actifs financiers et monétaires dont des monnaies fiat traditionnelles. Il ne s’agissait donc pas d’une nouvelle monnaie créée ex nihilo mais d’une sorte d’instrument financier et de paiement assis notamment sur des monnaies existantes, assez proche d’un stable coin (voir supra).
Ce projet comporte certes une dimension monétaire et géopolitique non négligeable. En fonction de la part respective du dollar, de l’euro et des autres monnaies dans ce panier, certaines zones monétaires pourront être plus ou moins avantagées. Par exemple, une place largement prédominante pour le dollar transformerait Diem en outil au service de l’influence du dollar dans le monde. Pour de petits pays aux monnaies faibles, l’existence de Diem pourrait représenter une menace significative, avec un risque de conversion massive de certaines devises en diems. Mais l’ambition initiale du projet a largement été réduite et ses modalités modifiées par Facebook et les entreprises du consortium, en réponse aux profondes réticences exprimées par les régulateurs du monde entier.
La portée du projet Diem est limitée par deux aspects. D’une part, cette « cryptomonnaie » reste dépendante du système des monnaies fiat. Si ce dernier est fragilisé ou fait même l’objet d’une remise en question complète, le diem ne peut pas servir de valeur refuge.
D’autre part, Diem reste un système centralisé, avec tous les inconvénients que cela représente en matière d’efficience économique, de sécurité opérationnelle, de vulnérabilité à la régulation et de garanties pour la vie privée. L’essence des cryptomonnaies est la décentralisation. Diem ne peut, par définition, inspirer le même type de confiance et prétendre à la même ambition transformatrice qu’une cryptomonnaie assise sur une blockchain ouverte et décentralisée. On peut prévoir qu’il en ira de même si d’autres grandes entreprises se lancent dans des projets similaires.
S’agissant des MDBC[21], domaine dans lequel la Chine se montre particulièrement active, elles pourront prendre des formes variées mais il est probable qu’elle se heurtent toutes aux mêmes limites. On peut en distinguer trois principales.
Premièrement, elles peuvent déstabiliser l’ordre financier et bancaire actuel en modifiant profondément les rôles respectifs des banques commerciales et des banques centrales, ainsi que la répartition des risques et des coûts entre elles. Cette éventualité a été identifiée notamment par la Banque des règlements internationaux et de nombreuses réflexions sont en cours pour déterminer dans quelles conditions ces nouveaux instruments pourraient être développés sans fragiliser les acteurs traditionnels[22].
Deuxièmement, les MDBC offriraient peut-être un moyen de moderniser certains circuits et processus monétaires, mais elles ne modifieraient en rien la nature du système monétaire. Ce dernier resterait fondé sur des monnaies fiat, émises de manière plus ou moins encadrée dans le cadre de politiques monétaires largement déterminées par la puissance publique. Il s’agirait d’une adaptation technologique mais non d’un changement radical. En particulier, des politiques monétaires très expansionnistes resteraient possibles et seraient même plus faciles à mettre en œuvre, avec les effets économiques qu’elles emportent, considérés par certains économistes comme souhaitables et efficaces, et par d’autres comme catastrophiques[23].
Troisièmement, les MDBC pourraient représenter une menace croissante pour la vie privée et offrir à des États autoritaires de nouveaux instruments de contrôle des libertés individuelles. Elles pourraient se développer en parallèle à une disparition progressive de l’argent liquide, que ce dernier soit présenté comme de plus en plus superflu et archaïque ou que son maintien soit considéré comme un frein technique à l’essor des MDBC (en plus des inconvénients habituels qui lui sont imputés, comme le financement du marché noir, des activités criminelles, etc.). La traçabilité complète des transactions financières par une autorité centrale (qui serait permise par la blockchain), qui trouve actuellement une limite avec l’existence du cash, représenterait une menace majeure pour le respect de la vie privée.
Par ailleurs, le maniement par l’autorité politique d’une cryptomonnaie faisant l’objet d’un monopole public conférerait à cette autorité un pouvoir financier exceptionnel sur les individus, qui n’existe pas actuellement. L’autorité politique pourrait décider de manière discrétionnaire de spolier certaines catégories d’individus pour des motifs politiques mais aussi pour des raisons pouvant facilement être présentées comme légitimes (comme instaurer un dispositif de monnaie « fondante » pour inciter à la consommation et relancer l’activité économique)[24]. Les MDBC offrent donc des outils de contrôle financier et politique dont il est crucial de mesurer l’ampleur et les risques. Dans les mains d’un État totalitaire, ces outils représentent un danger majeur. Même dans des États de droit, des dérives dans leur utilisation sont très probables.
En fin de compte, pour reprendre la fameuse typologie de Clayton Christensen[25], les cryptomonnaies créées par de grandes entreprises comme Facebook et les monnaies digitales de banques centrales sont très probablement destinées à rester des « innovations incrémentales » du fait de leur caractère centralisé, qui implique divers inconvénients économiques et philosophiques. De leur côté, les cryptomonnaies assises sur des blockchains ouvertes et décentralisées constituent de véritables « innovations de rupture », en particulier Bitcoin.
2.2 Bitcoin reste le protocole aux implications monétaires et politiques potentielles les plus radicales
On a vu précédemment que davantage de jetons numériques peuvent être considérés comme des cryptomonnaies qu’on ne l’imagine habituellement. Pour autant, cela ne signifie pas que les cryptomonnaies constituent une catégorie homogène. Au contraire, il existe des différences considérables entre elles, à tel point que parler de « cryptomonnaie » en général peut se révéler trompeur. De nombreux facteurs techniques, économiques et même sociaux et organisationnels font que cet ensemble est nettement plus hétérogène que, par exemple, celui des monnaies fiat. On peut citer, parmi ces facteurs, le régime d’émission (rythme d’émission et présence éventuelle d’une limite absolue au nombre de jetons émis), le langage de programmation de la blockchain, l’algorithme de consensus (preuve de travail, preuve d’enjeu, etc.), le caractère plus ou moins programmable des transactions, le niveau de décentralisation du réseau, le mode de prise de décision pour l’évolution du protocole, etc.
Parmi ces cryptomonnaies, Bitcoin occupe une place à part[26]. Plus de onze ans après sa création, malgré les multiples projets prétendant résoudre ses supposés inconvénients et fournir de meilleures performances, aucun n’a réussi à le détrôner. Le bitcoin est toujours, de loin, la cryptomonnaie qui inspire le plus de confiance, ce qui se vérifie par exemple dans l’évolution de sa « capitalisation de marché ». Trois raisons peuvent être évoquées.
Premièrement, le protocole Bitcoin fournit une forme de « monnaie saine ». Cette notion, qui avait pratiquement disparu ces dernières années du débat théorique, politique et économique, est en train de réapparaître avec les interrogations croissante sur la pérennité des monnaies fiat[27]. Son régime monétaire a deux caractéristiques : d’une part, une division par deux tous les quatre ans du rythme d’émission, aboutissant à une asymptote à 21 millions d’unités en 2140 ; d’autre part, une quasi-certitude que ce régime ne sera pas modifié et qu’aucune politique monétaire arbitraire ne pourra s’y substituer[28].
La critique, par certains économistes, de ces caractéristiques, qui font du bitcoin une monnaie désinflationniste (son taux d’inflation monétaire diminue avec le temps) susceptible de favoriser une économie déflationniste (où les prix tendraient à baisser naturellement), s’inscrit dans un débat plus général sur la nature et la dangerosité éventuelle de la déflation. On peut estimer que le type de déflation que susciterait le bitcoin ne serait pas nuisible à l’activité économique[29].
Deuxièmement, Bitcoin échappe totalement à l’emprise des pouvoirs publics, ce qui n’est pas le cas pour la plupart des autres cryptomonnaies. Les expériences des pays ayant déjà essayé d’interdire le bitcoin sont restées vaines car il n’existe pas de moyens de mettre en œuvre efficacement de telles interdictions. Bitcoin n’est pas une entreprise et n’a pas de dirigeants identifiés. Par ailleurs, une transaction en bitcoins étant essentiellement du texte, chercher à l’interdire implique un arsenal juridique radical dont la compatibilité avec les principes généraux du droit dans les pays démocratiques est loin d’aller de soi[30].
Surtout, outre la possibilité croissante d’effectuer des transactions par satellite et ondes radio, évoquée plus haut, la principale caractéristique de Bitcoin est que son réseau n’a jamais été piraté depuis sa création alors qu’il est attaqué en permanence. Sa sécurité est assurée par un réseau décentralisé de « mineurs » déployant une capacité de calcul colossale[31], pratiquement impossible à détourner par des acteurs privés ou publics dans des conditions économiques rationnelles (les coûts impliqués excédant largement le gain potentiel). Cette capacité de calcul globale, exprimée en « hashs » par seconde[32], est en croissance exponentielle depuis plusieurs années et atteint aujourd’hui des niveaux impossibles à imaginer par l’esprit humain.
Ce niveau de sécurité, qui fait du bitcoin le premier objet numérique non duplicable de l’histoire, est obtenu par une dépense énergétique qui alimente les critiques sur les conséquences environnementales du bitcoin. Sans entrer dans ce débat, il importe de préciser que ces critiques ne peuvent avoir la moindre influence sur l’évolution du réseau des mineurs. Ce dernier, très décentralisé et mobile, s’adapte rapidement dans l’espace mondial aux variations du coût de l’énergie, des réglementations et de la fiscalité. Les États ont très peu d’influence sur ce réseau et la probabilité qu’ils parviennent à se coaliser pour en prendre le contrôle techniquement est extrêmement faible.
Troisièmement, la technologie de Bitcoin continue de se développer à grande vitesse : sa sécurité se renforce et ses fonctionnalités s’étendent[33]. Une des avancées les plus spectaculaires est le Lightning Network, qui fonctionne normalement depuis 2018[34] : il s’agit d’un protocole open source qui assure le passage à l’échelle (« scalabilité ») de Bitcoin. Se superposant au protocole Bitcoin et appelé pour cela « couche secondaire », il permet d’augmenter le nombre de transactions possibles par seconde, pour des montants transférés éventuellement très faibles, pour un coût réduit pour les utilisateurs, de manière plus confidentielle, sans dégrader le niveau de sécurité du système et sans consommation d’énergie additionnelle. En permettant notamment des micro-paiements, Lightning a probablement le potentiel de révolutionner l’industrie du paiement et une partie du secteur financier et d’accélérer massivement la diffusion de Bitcoin comme système monétaire alternatif. Cette technologie est aussi utilisable pour d’autres cryptomonnaies proches du bitcoin.
Le développement de ce dispositif fait d’ailleurs dire à certains analystes que le bitcoin pourrait devenir un concurrent non pas pour les monnaies fiat mais pour les banques centrales et les systèmes de règlements interbancaires : la blockchain Bitcoin (couche principale) pourrait devenir un nouvel étalon monétaire, comme l’était l’or au 19ème siècle, et les jetons circulant sur la couche protocolaire secondaire et les éventuelles couches additionnelles seraient eux les concurrents des monnaies fiat[35].
Bien que beaucoup d’autres cryptomonnaies offrent des fonctionnalités prometteuses, aucune n’a pour l’heure le même niveau de résistance que Bitcoin face à d’éventuelles menaces techniques ou politiques. Le bitcoin reste la cryptomonnaie la plus « disruptive » pour l’ordre monétaire, financier et politique actuel. Si le scénario, esquissé dans la première partie, d’un effondrement de la confiance dans les monnaies fiat se réalisait, c’est sans doute lui qui attirerait la confiance du public et donc aussi les attaques des acteurs déstabilisés par son essor. Or le niveau de robustesse technique atteint par le système Bitcoin rend pratiquement illusoire d’essayer de le mettre à bas. Les différentes attaques médiatiques et techniques contre lui tendent même à le renforcer : les premières contribuent à le faire connaître et les secondes offrent des opportunités d’améliorer son protocole. Le bitcoin réunit ainsi les caractéristiques de l’« antifragilité » décrites par Nassim Nicholas Taleb[36].
Le type de tension qui pourrait se développer entre les autorités politiques et le réseau Bitcoin rappelle la fameuse formule de Raymond Aron à propos de la Guerre froide, « guerre improbable, paix impossible »[37]. L’idée qu’il est impossible d’empêcher Bitcoin de fonctionner commençant à être admise à la tête des États, une offensive de leur part est peu probable ; en même temps, étant donné la structuration financière des États-providence, laisser le bitcoin se développer en attirant la confiance et la valeur au détriment des monnaies fiat semble inenvisageable pour les États. Cette aporie sera sans doute au cœur du développement des cryptomonnaies dans les années qui viennent.
Conclusion
Les cryptomonnaies constituent un des phénomènes les plus frappants de notre époque. Celles fondées sur des blockchains ouvertes et décentralisées sont amenées à avoir des conséquences industrielles, monétaires, politiques et géopolitiques insoupçonnables.
Si les avancées engrangées dans ce domaine en un peu plus d’une douzaine d’années paraissent limitées à certains observateurs, elles sont en réalité exceptionnellement nombreuses et profondes. Il existe peu d’autres domaines où des changements aussi radicaux aient été constatés sur une échelle de temps aussi courte. Surtout, ils interviennent dans le domaine-clef de la monnaie, enjeu de pouvoir politique majeur, où les évolutions se concrétisent habituellement sur des siècles ou des décennies.
Les projets de cryptomonnaies promues par de grandes entreprises ou des banques centrales s’inscrivent dans cette révolution multidimensionnelle. À certains égards, ils y contribuent. Par d’autres aspects, ils constituent des tentatives d’en limiter les effets ou de s’en approprier les bénéfices de manière purement opportuniste. Leur caractère centralisé les maintient toutefois très éloignés du potentiel novateur des cryptomonnaies assises sur des blockchains ouvertes et décentralisées. Parmi ces dernières, le bitcoin conserve une place à part. Il n’a toujours pas été détrôné malgré la concurrence intense à laquelle il est confronté. Sa position tend même à se consolider.
Si la révolution des cryptomonnaies se poursuit, il continuera probablement à focaliser à la fois l’intérêt du public et l’hostilité d’un grand nombre d’acteurs, notamment étatiques. Le fait que cette hostilité soit probablement destinée à rester vaine et puisse même contribuer à renforcer la proposition de valeur du bitcoin est une perspective sans doute aujourd’hui insuffisamment prise en compte dans l’analyse des conséquences politiques et géopolitiques de l’essor des cryptomonnaies.
[1] « Bitcoin » désigne le protocole informatique régissant ce système de cash digital, et « bitcoin » l’unité numérique et comptable qui lui est associée.
[2] Elles sont recensées sur certains sites comme [https://coinmarketcap.com/]. Parmi les principales figurent : Bitcoin, Ethereum, Tether, XRP, Cardano, Litecoin, EOS, Stellar, Tezos, Monero, Tron, Cosmos, IOTA, Dash, ZCash.
[3] Par exemple, Binance ou Kraken.
[4] J. Favier, J.-S. Lécrivain et A. Takkal Bataille, Bitcoin et protocoles à blockchain — Comprendre l’avènement de la seconde ère numérique, Bruxelles, Mardaga, 2019, 204 p.
[5] Par exemple, le fonds pour investisseurs institutionnels Grayscale a investi plusieurs milliards de dollars en cryptomonnaies.
[6] N. Popper, Digital Gold — Bitcoin and the Inside Story of the Misfits and Millionaires Trying to Reinvent Money, New York, HarperCollins, 2016, 432 p.
[7] A. Tapscott et D. Tapscott, Blockchain Revolution — How the Technology Behind Bitcoin Is Changing Money, Business, and the World, Londres, Portfolio, 2016, 368 p.
[8] P. De Filippi et A. Wright, Blockchain and the Law — The Rule of Code, Boston, Harvard University Press, 2019, 312 p.
[9] P. Salin, La Vérité sur la monnaie, Paris, Odile Jacob, 1990, 320 p.
[10] P. Salin, Les Systèmes monétaires — Des besoins individuels aux réalités internationales, Paris, Odile Jacob, 2016, 368 p.
[11] C. Tequi, F. Hiault et M. Della Chiesa, Blockchain — Vers de nouvelles chaînes de valeur, Paris, Eyrolles, 2019, 320 p.
[12] C. Menger, « On the Origin of Money », The Economic Journal, vol. 2, n° 6, juin 1892, p. 239–255.
[13] A. Melachrinos et C Pfister, « Stablecoins: A Brave New World? », Banque de France (Working Paper, n° 757), mars 2020.
[14] Cette éventualité est évidemment étudiée de près par les cryptographes. Certaines cryptomonnaies n’y résisteront probablement pas ; d’autres pourront adapter leur protocole, notamment en intégrant les apports de l’informatique quantique.
[15] F. A. Hayek, Denationalisation of Money: The Argument Refined — An Analysis of the Theory and Practice of Concurrent Currencies, Londres, The Institute of Economic Affairs, 1978 (2e édition), 107 p.
[16] M. Andreessen, « Why Software Is Eating the World », The Wall Street Journal, 20 août 2011.
[17] A. Antonopoulos, The Internet of Money, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2016, 152 p.
[18] H.-H. Hoppe, « How Is Fiat Money Possible? — Or the Devolution of Money and Credit », The Review of Austrian Economics, vol. 7, n° 2, 1994, p. 49–74.
[19] Fonctionnalité développée par la société Blockstream.
[20] P. Herlin, Apple, Bitcoin, Paypal, Google : la fin des banques ? — Comment la technologie va changer votre argent, Paris, Eyrolles, 2015, 184 p.
[21] C. Pfister, « Central Bank Digital Currency: One, Two or None? », Banque de France Working Paper, n° 732, octobre 2019.
[22] C. Pfister, « Monnaies digitales : du mythe aux projets innovants », Bulletin de la Banque de France, n° 230/1, juillet-août 2020.
[23] J. Rueff, Le Péché monétaire de l’Occident, Paris, Plon, 1971, 285 p. ; M. N. Rothbard, What Has Government Done to Our Money?, Auburn, Alabama, Ludwig von Mises Institute, 1992, 130 p. ; J. Huerta de Soto, Money, Bank Credit, and Economic Cycles (trad. M. A. Stroup), Auburn, Alabama, Ludwig von Mises Institute, 2006, 876 p.
[24] J. G. Hülsmann, The Ethics of Money Production, Auburn, Alabama, Ludwig von Mises Institute, 2008, 280 p.
[25] C. M. Christensen, The Innovator’s Dilemma: When New Technologies Cause Great Firms to Fail, Boston, Harvard Business School Press, 1997, 288 p.
[26] J. Favier et A. Takkal Bataille, Bitcoin, la monnaie acéphale, Paris, CNRS, 2017, 280 p.
[27] J. T. Salerno, Money — Sound and Unsound, Auburn, Alabame, Ludwig von Mises Institute, 644 p.
[28] Une telle modification est techniquement possible mais économiquement et socialement impensable, les membres du réseau n’ayant aucun intérêt à compromettre la valeur de leurs avoirs.
[29] P. Bagus, In Defense of Deflation, New York, Springer, 2015, 215 p. ; J. Booth, The Price of Tomorrow — Why Deflation is the Key to an Abundant Future, Stanley Press, 2020, 232 p.
[30] K. S. Graf, , Are Bitcoins Ownable? — Property Rights, IP Wrongs, and Legal-Theory Implications, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2015, 92 p.
[31] P. Noizat, Bitcoin, mode d’emploi, Paris, Lulu Press Inc., 2015, 130 p.
[32] Un « hash » est une empreinte numérique produite par le « hachage », opération cryptographique au cœur du fonctionnement de la plupart des cryptomonnaies.
[33] J. Favier, B. Huguet et A. Takkal Bataille, Bitcoin — Métamorphoses — De l’or des fous à l’or numérique ?, Paris, Dunod, 2018, 256 p.
[34] Y. de Mombynes, Comprendre le Lightning Network, Paris, Institut Sapiens, 2020, 23 p.
[35] S. Ammous, The Bitcoin Standard: The Decentralized Alternative to Central Banking, Hoboken, New Jersey, John Wiley & Sons, 2018, 304 p.
[36] N. N. Taleb, Antifragile — Les bienfaits du désordre, Paris, Les Belles Lettres, 2013, 660 p.
[37] R. Aron, Le Grand Schisme, Paris, Gallimard, 1948, 348 p.